Taille Rase : Solution de Précision pour Vignobles

Objectif de travail

Dans une optique de réduction des coûts de production, la mécanisation de la taille tend à se développer. Elle n'est pour l'instant envisageable que dans les aires d'appellation de vin de pays. Bien plus que des prétailleuses améliorées, les machines de taille mécanique sont capables d'effectuer une taille à deux yeux francs en suivant au plus près le cordon.

Différentes machines sont disponibles, à barre de coupe (Chabas) ou bien à scies circulaires (Pellenc, CGC AGRI, Brunel, Ferrand, etc.). Pellenc se différencie des autres constructeurs en proposant un système de suivi du cordon par Visio. L'automatisation du suivi du cordon ainsi que la détection des piquets facilitent grandement l'utilisation de machine de taille mécanique.

L'alimentation des modules de coupe est hydraulique. Le débit nécessaire pour l'animation des scies circulaires justifie l'emploi d'une centrale hydraulique.

Pièces constitutives de la machine de taille

Les modules de coupe

L'objectif des modules de coupe est une taille très proche du cordon, à 1 ou 2 yeux francs, pour limiter le temps de travail manuel au strict minimum c'est-à-dire 8 à 12 heures par hectare contre 35 à 50 dans un schéma de conduite classique de la vigne.
Les modules de coupe verticaux et horizontaux sont soit des scies circulaires, soit des barres de coupes alternatives.
La position relative de chacun des modules de coupe est un facteur de différenciation entre machines. L'intégration à la prétaille est possible.

Les scies circulaires

Coupe net des sarments sur lesquels il n'y aura pas de reprise manuelle
Coupe des chandelles (bras de bois âgés) sur des vignes âgées
Implique une vitesse de rotation importante

La barre de coupe

Coupe nette
Peu de projection
Peu de bruit

Les moteurs

Ces modules de coupe sont animés par des moteurs hydrauliques ou électriques (machine PELLENC jusque fin 2012) permettant d'obtenir des sections franches avec une vitesse de rotation élevée.
Le positionnement des moteurs par rapport aux scies circulaires (au dessus ou en dessous) fait partie de l'ergonomie globale de la machine.

L'ouverture au piquet

Pour les tailleuses pouvant être utilisées sur cordon libre ou sur vignes palissées, la présence d'un dispositif d'ouverture au passage des piquets est indispensable, tant pour le module de coupe que pour le module de prétaille.
Il s'agit soit de systèmes mécaniques par appui et contournement, ce qui est facile compte tenu des faibles vitesses d'avancement, soit assistés par hydraulique avec des capteurs.

Illustration des rails de guidage au premier plan et des guides qui permettent aux scies horizontales de s'effacer au passage d'un piquet, au second plan.

Le suivi du cordon (manuel ou automatique)

Les systèmes permettant de suivre le cordon au plus près ont pour vocation :

suivi du cordon taille rase de précision

Le suivi automatique en hauteur :

par capteurs optiques

L'appui latéral peut se faire de différentes façons :

Rails de guidage
Ressorts à gaz
Ressort
Palpeurs et vérins double effet

Les rails de guidage

Ces longues pièces permettent de maintenir la machine dans l'alignement du rang de vigne, en s'appuyant de part et d'autre des ceps sur au moins deux ceps consécutifs.

Guidage d'entrée dans le rang

machine équipée de barres de coupe alternatives taille rase de précision

Machine équipée de barres de coupe alternatives (Chabas-Tanesini)

machine équipée de scies circulaires taille rase de précision

Machine équipée de scies circulaires (Terral)

Réglage et utilisation de la machine de taille

La mécanisation de la taille nécessite une grande concentration de la part du chauffeur, puisque la machine passe au plus près du cordon dans le but d'effectuer une taille à deux yeux francs. La majorité des constructeurs propose un suivi du cordon manuel, il sera donc judicieux de maintenir les cordons le plus rectiligne possible. De plus le montage de la machine entre-roues assurera une meilleur visibilité du chauffeur.

L'équipement hydraulique du mât porte-outils assure les déplacements en hauteur et latéral du module de taille. L'ouverture au piquet peut être mécanique à déclenchement assisté (roues, galets, marguerites) ou bien automatique (système Visio de chez Pelenc). Différents systèmes permettent le suivi latéral du cordon, rails de guidage (tous sauf CGC AGRI) ou palpeurs et vérins double effet (CGC AGRI).

L'utilisation de machine de taille mécanique dans des parcelles dont le palissage est de médiocre qualité est à proscrire, puisque la machine est guidée, sur le plan latéral, par le rang. La vitesse d'avancement est réduite (environ 2 km/h) et les besoins en hydraulique assez importants, le débit d'huile est généralement supérieur à 40 l/mn.

Les différentes possibilités de montage des machines de taille rase

Montage sur porteur enjambeur
Montage sur interligne, attelage 3 points arrière
Montage sur interligne, mât multifonction avant

La mécanisation de la taille

La mécanisation de la taille, même partielle, peut apporter un gain économique réel en diminuant drastiquement le temps de travail manuel nécessaire. Les machines de taille vont plus loin que de simples prétailleuses en coupant les sarments plus près du cordon, pour une taille à deux yeux francs complétée par une reprise manuelle rapide destinée à couper les départs de sarments latéraux ou situés sous le fil porteur. Une autre approche de cet enjeu économique consiste à mécaniser la descente des bois.

La taille mécanique : un enjeu économique avant tout

Quel que soit le mode de conduite envisagé, le poste de taille représente un coût important sur les exploitations, en raison du temps de travail manuel nécessaire pour la taille proprement dite, le tirage, la descente des bois, leur broyage et éventuellement le liage des baguettes en guyot. La robotisation des opérations est une voie de réduction des coûts envisageable à long terme pour conserver les modes de conduite.
La mécanisation de la taille, même partielle, peut apporter un gain économique réel en simplifiant le mode de conduite et en diminuant drastiquement le temps de travail manuel nécessaire. Cela a commencé dans les années 1980 avec les prétailleuses, qui ont grandement réduit la pénibilité et le temps consacré au tirage des bois, surtout sur cordon, mais également sur guyot, en libérant les sarments des fils de palissage.
Les machines de taille d'aujourd'hui vont plus loin en coupant les sarments plus près du cordon, pour viser une taille à deux yeux francs dès le passage de la machine complétée par une reprise manuelle rapide destinée à couper les départs de sarments latéraux ou situés sous le fil porteur.

L'objectif est de limiter ce temps de travail manuel au strict minimum c'est-à-dire 8 à 12 heures par hectare contre 35 à 50 dans un schéma de conduite classique de la vigne.

Complémentaires (parfois combinées) des prétailleuses, ces machines ne s'adressent qu'à des cordons relativement bien tenus. En effet, pour que la mécanisation soit la plus efficace possible, quelques optimisations sont nécessaires en termes de conduite du vignoble.

Un vignoble adapté pour une mécanisation de la taille plus efficiente

Les machines de taille peuvent être utilisées sur tout type de cordon, mais lorsque l'on souhaite optimiser la mécanisation d'une telle opération, mieux vaut établir le vignoble de façon spécifique afin d'en tirer le plus de bénéfices en termes d'organisation du travail, de baisse des charges et de pérennité du vignoble.

Pour faciliter le travail des machines près du cordon, le bon alignement de celui-ci paraît indispensable : cela permet de définir une hauteur de travail plus facile à maintenir que l'on dispose d'un suivi de cordon automatique ou pas.

Ce mode de taille de la vigne a en général pour conséquence une augmentation de la charge en bourgeons sur la parcelle. Cela se traduit par des hausses de rendement si la parcelle peut le supporter et génère des contraintes plus fortes sur le palissage qu'un mode de conduite classique. Si la résistance mécanique de l'ensemble (fil porteur, amarres, piquets) est insuffisante, le fil porteur sur lequel le cordon est enroulé peut à la longue faire des vagues, ce qui est plus compliqué à suivre avec la machine de taille ou ce qui engendre une hauteur de coupe très variable et potentiellement plus de temps de reprise manuelle si on souhaite un peu réguler la charge en bourgeons.

Une bonne résistance mécanique des souches est importante pour la qualité de coupe et pour éviter les blessures (effort de traction sur la souche). Aussi est-il recommandé, dans le cas d'une nouvelle plantation, de faire solidariser les souches en allongeant le cordon d'une souche à l'autre.

La hauteur du fil porteur pour ce mode de conduite est sujette à discussion (port ouvert ou pas, etc…), mais dans une optique de réduction et de simplification des travaux manuels, l'ergonomie est un point à prendre en compte. Dans cette optique, relever le fil porteur pour ne pas avoir à se baisser lorsque l'on taille très vite est particulièrement intéressant.

Un établissement soigné du cordon pour limiter par la suite le nombre de sarments que la machine ne peut pas couper : au moment de la formation du cordon, les souches sont courbées sur le fil porteur ; leur courbure doit être progressive (pas d'angle droit) et l'épamprage du rayon de courbure, comme du tronc si possible définitif. De cette manière, aucun sarment ne pousse en dessous du futur cordon sur lequel la machine intervient.

Le positionnement des piquets est important, tant en nombre (support de la charge) qu'en soin apporté à leur enfoncement par rapport au fil porteur dans le cas d'un port libre, pour limiter les chocs avec les éléments de coupe.

Le résultat agronomique d'un tel mode de conduite dépend en grande partie de la charge en bourgeons restante après la reprise manuelle.

Des machines assez proches et quelques particularités intéressantes

Les machines se différencient par leur niveau de sophistication technique et la présence ou non d'un module de prétaille permettant de réaliser les deux opérations simultanément. Les modules de coupe et de suivi de cordon peuvent aussi varier selon les machines. Enfin, il y a le montage sur porteur, à l'avant de la machine ou en latéral pour la visibilité de la coupe.

D'un point de vue général, les machines présentes sur le marché ont beaucoup de points communs : il s'agit de couper au dessus et sur les côtés d'un cordon, et dans le cas ou les fils de palissage sont conservés, d'écarter les éléments de coupe au passage des piquets.

Les éléments de coupe sont souvent des scies circulaires animées par des moteurs hydrauliques ou électriques (Pellenc). Leur usure est dépendante des conditions d'utilisation, mais le remplacement ou l'affûtage des scies est à prendre en compte dans les coûts. Ces scies demandent des vitesses de rotation élevées pour une coupe nette, et nécessitent la présence d'une centrale hydraulique. Il en résulte un bruit et des projections de bois importants, mais la capacité de coupe est forte. Il existe aussi des machines à barres de coupe alternatives, moins bruyantes et aussi moins puissantes face à du bois vieux de plusieurs années, pour lesquelles les projections sont quasi inexistantes.

Les dispositifs d'ouverture pour le passage des piquets sont la plupart du temps complètement mécaniques : des galets s'appuient et obligent l'écartement des supports des modules de coupe. Compte tenu de la faible vitesse d'avancement, les contraintes mécaniques sont acceptables.

Quelques sophistications sont apparues pour le suivi du cordon, que ce soit sur un plan latéral (CGC Agri) ou horizontal (Pellenc). L'objectif est de faciliter la conduite des machines en soulageant un peu l'attention du chauffeur qui doit maintenir la tailleuse près du cordon sans prendre trop de risques. C'est un facteur de précision et d'optimisation supplémentaire pour maintenir une hauteur de coupe assez basse et limiter le nombre de coups de sécateurs ultérieurs, mais cela permet aussi d'augmenter légèrement la vitesse de travail (jusqu'à 2,5 km/h), qui sans assistance particulière reste autour de 1,5 km/h.

Facteurs influençant l'intérêt de la technique : un investissement initial qui peut payer

Le résultat de la taille mécanique dépend de 3 grands facteurs : la machine, la parcelle et l'humain.

En effet la machine intervient dans la précision du travail, le confort de l'opérateur et le débit de chantier, sans oublier l'aspect économique lié à l'investissement, variable en fonction de la présence d'un module de prétaille ou pas.

L'adaptation de la parcelle à la technique est un facteur clé car s'il est possible de travailler sur de vieux cordons ou sur des parcelles en guyot transformées, la précision du travail et les optimisations permises par un établissement spécifique du vignoble ne sont pas atteints. Là aussi il est question d'investissement initial sur le palissage et la préparation du cordon.

Enfin le facteur humain est déterminant sur plusieurs points qui se combinent avec les précédents : sans assistance à la conduite et au suivi de cordon, il est plus difficile d'envisager la taille mécanique sur de grandes surfaces car la pénibilité est plus importante pour le chauffeur. Le temps de formation et de préparation des cordons à la taille mécanique ne doit pas être négligé, c'est un investissement supplémentaire. Enfin, le temps réellement consacré par les opérateurs à la reprise manuelle est un facteur de maîtrise des coûts lorsqu'il est limité, mais aussi un facteur de régulation de la charge en bourgeons, il y a donc un équilibre à trouver.

Mécaniser le tirage des bois, une alternative à la taille mécanique pour conserver le mode de taille

D'autres machines permettent de mécaniser spécifiquement le tirage et le broyage des sarments des vignes conduites en guyot, permettant aussi de substantielles économies tout en ne changeant pas le mode de taille et la charge en bourgeons laissée lors de la taille. Elles peuvent intervenir sur des vignobles préparés pour que les fils du palissage puissent supporter les efforts de traction imposés. Le passage des machines présuppose que la taille (baguette, courson) a été effectuée.
Les constructeurs dans ce domaine sont Clemens, Ero et Provitis.

Les différences de conception des machines tiennent à la façon de gérer le palissage et l'extraction des bois : par le haut, ou sur le côté, mais aussi au broyage, intégré ou non à la machine.

Retour sur la démonstration de matériel TRP du 09 mars 2023 à Mauriac

Cette technique de taille s'inscrit pleinement dans un itinéraire technique à bas coût. Elle permet de diminuer les dépenses en simplifiant ou en supprimant certains travaux comme la mécanisation de la taille, le pliage, tirage et broyage de bois... mais aussi une diminution des maladies du bois.

Environ 150 viticulteurs ont fait le déplacement pour voir fonctionner 6 machines sur une des parcelles de vigne qui est menée en TRP depuis quelques années par la famille YON.
6 constructeurs étaient présents : ERO, TERRAL, CELLIER BOISSET, FERRAND, PELLENC et PROVITIS.
Les prix des outils vont de 14 000 à 36 000€ sachant que la principale différence de tarif se fait sur l'option "suivi du cordon automatique".